Un blog qui décrit ce que je vis, ressens, pense, ce que j'imagine et qui me permet de partager avec vous mes expériences de la vie.
9 Mars 2018
Comme il est dans l’eau, on ne sait pas que le poisson pleure. Après avoir quitté Cynthia, et sans pouvoir expliquer ce qui se passait, je fondis en larmes. Pour quelles raisons ? Je ne pouvais pas identifier si c’était d’admiration pour sauver quelque chose à laquelle elle tenait ou si c’était par peine de voir qu’on ne peut pas se fier à une femme ou tout simplement si c’était parce qu’il y avait toujours un sentiment et que j’avais mal de savoir qu’elle me mentait.
Il y avait quand même un mélange de sentiments qui me faisait me sentir bizarre. Je m’arrêtai devant une église pendant un instant. C’est là je me rappelai qu’il y avait longtemps que je n’allais plus à la messe. La paresse avait pris le dessus dès que j’avais commencé par travailler. Ou bien ma situation était une punition divine ? Je savais que Dieu était miséricordieux et pardonnait toujours à ses enfants. Peut-être qu’en faisant un arrêt de quelques minutes, il pourra reconsidérer tout ce qu’il me faisait endurer.
J’avais perdu la confiance en l’être humain en général, y compris moi-même. Je commençais par me rendre compte qu’il y avait de jolies filles qui m’entouraient. Avant le sexe avec Elvire, je n’avais jamais fait une remarque pareille. Le diable s’est-il encore incarné en une femme pour faire tomber l’homme ? Ce serait vraiment stupide vu que nous ne sommes plus nus comme dans le Jardin d’Eden. J’avais honte de moi-même de me présenter dans cette situation devant Dieu. Je fis le signe de la croix et puis rien. J’étais resté là, assis, sans parler pendant cinq minutes. Je ne savais pas par où ou par quoi commencer. Je me suis dit qu’après tout, il savait ce dont j’avais besoin et que c’était à moi de plutôt écouter ce qu’il voulait me dire. Ces petites minutes m’ont permis de réfléchir un peu et de me remettre en question. Mais ma remise en question n’arrivait pas à effacer la douleur que je ressentais vis-à-vis de Cynthia. Mon téléphone interrompit ma méditation et pour ne pas déranger les autres fidèles, je me retirai de l’église. Dès que j’eus fini de raccrocher, je démarrai ma voiture pour rentrer directement à la maison car Cynthia était là et m’attendait.
Puis elle tourna le talon et commença à s’en aller. Elle espérait sûrement que j’allais la retenir mais je ne fis aucun geste. Elle s’arrêta au milieu de l’escalier, se retourna, et me regarda méchamment avant de poursuivre sa descente. Je ne voulais surtout pas jouer à ce jeu, à son jeu. J’allais prendre tout mon temps et c’est sûr qu’elle reviendra d’elle-même.
Quand elle disparut, j’entendis une voix de l’autre côté du balcon m’appeler.
Il ne fallait pas être un devin pour savoir de qui il s’agissait. Elvire fit rapidement le tour pour me rejoindre.
Puis regardant ma montre, je me rendis compte qu’il était déjà onze heures mais que je n’avais rien avalé. Je n’avais même pas envie de cuisiner ce jour-là.
Sans demander la permission, elle prit possession de la cuisine, ouvrit les placards et à chaque fois, secouait la tête. Puis au bout d’un moment, elle s’exclama :
Pour un fou rire s’installa. Je la trouvais joviale et pleine de vie. Elle avait bon cœur. Tout homme devrait être heureux ou presque de l’avoir comme épouse. Mais avec ce qui s’était passé entre nous sur la dalle, je ne savais pas s’il fallait confirmer ce que mes pensées m’envoyaient comme message. Ne pouvant plus supporter de tirer mes propres conclusions, une fois dans la voiture en direction du marché, je lui demandai :
La galère. Tout ce que je détestais dans la vie depuis que j’ai eu un emploi. C’est vrai que je n’achetais qu’au marché traditionnel quand j’étais encore étudiant. Mais c’était déjà de l’histoire ancienne. Mon allergie à la poussière m’a contraint à éviter cette zone. Mais devais-je offenser Elvire en refusant de la suivre sous prétexte qu’elle n’allait pas au supermarché ? Je fis comme elle l’avait demandé et m’arrêtai sur le parking. Il n’y a pas de poussettes ici. Elle acheta un gros sac communément appelé Bafana et nous commençâmes les emplettes.
Elle me trimbala dans les rayons d’épicerie où j’humai toutes sortes de parfums pour la plupart piquants. Du poivre, du piment, de l’ail. Puis c’était la zone des poissons frais. Je fis l’effort de ne pas paraître désagréable en restant patient. Ce qui me surprenait le plus chez elle, c’était son caractère déterminé à marchander les prix des denrées. Juste pour un tas de piment, elle avait passé deux minutes. Mon ventre, en ce moment m’envoyait des alertes. Il fallait faire vite. Au total, trente minutes pour acheter des produits dont le poids total n’excédait pas cinq kilos. J’étais quand même soulagé quand nous arrivâmes à la maison. Je la laissai s’installer et s’occuper de la cuisine. Je m’excusai pour aller prendre un bain et me changer.
Après avoir fini de prendre ma douche, la serviette nouée à la taille, je posai mes fesses sur le lit en réfléchissant à ce que j’allais porter. Sans m’en rendre compte, avec l’air frais du climatiseur, je m’étais endormi. Ce fut l’odeur de la nourriture qui me réveilla mais je sursautai du lit car je n’étais plus seul dans la chambre. Elvire était assise en face de moi, avec un regard admirateur sur mon corps. La situation me rappela la dalle et mon érection souleva légèrement la serviette.
Puis je m’habillai en enfilant une culotte qui dépassait légèrement le genou avec un t-shirt léger.
Elle avait préparé un plat de couscous avec des petits pois et du gésier de poulet. J’avais sorti de ma réserve une bouteille de vin blanc. Nous mangeâmes puis dégustâmes le vin. Puis elle débarrassa la table. J’en profitai pour allumer la télévision et m’installer dans le canapé. Quand elle eut fini de débarrasser et de laver le couvert, elle posa ses mains autour de mon cou en se tenant derrière moi puis commença à me caresser. Cela faisait du bien de sentir une si douce main relaxer les muscles de votre corps. Mais je l’arrêtai quand je me rendis compte que sa main glissait un peu trop vers le bas.
Le crabe n’est pas le bienvenu au jeu de contorsion. J’étais donc déjà debout entrain de la raccompagner. J’espérais que personne ne vous voie. Car les rumeurs sont ce que je détestais le plus. Les gens n’ont pas accès au fond du dossier mais n’hésitent pas à colporter toutes sortes d’allégations, juste pour se rendre indispensables auprès des fainéants qui n’ont rien à faire de leur temps. Je me fendis encore en remerciements pour le repas afin de verrouiller la porte derrière moi. Ouf, je pouvais respirer et laisser éclater ma colère en même temps. Cependant, je me félicitais d’avoir été sage avec elle à mes côtés. Les événements d’Abidjan m’avaient servi de leçon et j’avais donc décidé de jouer la carte de la prudence. Sinon l’envie était là et très forte.
Le week-end était d’ailleurs déjà fini. La semaine qui suivit était tellement bizarre que j’avais l’impression que quelqu’un tirait sur les ficelles du temps un peu plus vite qu’il n’en faut. Déjà le lundi, Moraine avait collé un post-it sur mon bureau avec la mention J-4. Chaque jour, elle déposait un nouveau message en réduisant les jours comme pour me dire de ne pas oublier les crêpes promises.
Nous étions déjà mercredi et aucun signe de Cynthia. Je voulus appeler pour prendre de ses nouvelles mais je me disais que ce serait une façon de lui dire qu’elle avait gagné. Le jeudi matin, Moraine vint me trouver avec un visage moins enchanté que les autres jours :
Le lendemain, dix minutes avant l’heure officielle de sortie, elle était déjà prête. Je pouvais sentir son excitation. Elle se pointa à dix-sept heures trente minutes exactement devant mon bureau pour m’intimer l’ordre de rentrer. Je la suppliais de m’accorder une dizaine de minutes supplémentaires sans réussir à la faire fléchir. Tout ce qu’elle trouva pour me répondre, c’était : « Ce que femme veut, Dieu veut ». Elle rangea elle-même mon matériel et ferma mon laptop. Elle me fit comprendre en fait qu’elle devait rentrer un peu plus tôt à cause des cousins. Sinon elle aurait été patiente envers moi. Je m’arrêtai au supermarché pour acheter de la farine, de la levure, de la poudre de vanille, du lait écrémé, quelques œufs ainsi que du Nutella et une confiture de fraise. J’ajoutai aussi un peu de fromage, jambon et du beure gastronomique. Elle était sous le charme à la façon dont elle me regardait.
Une fois chez moi, je l’installai dans le salon et je mis mon tablier de cuisinier pour faire aussi vite que je pouvais. Elle me regardait mélanger la farine, le sucre, les œufs, le lait, la vanille, de battre l’ensemble pour avoir une pâte liquide et homogène que je faisais cuire dans une poêle légèrement chauffée. Tout se passa en quelques minutes seulement. Pendant ce temps, elle découpait le fromage et le jambon en de fines tranches prêtes à être dégustés. Je sortis un beaujolais du réfrigérateur et je dressai la table. Dans nos échanges, je lui demandai des nouvelles de la maison, de sa cousine d’Abidjan. Sur ce point, elle me demanda si j’étais toujours intéressé par elle. Je répondis spontanément par la négation. L’amour à distance, je n’y crois pas. Donc c’était totalement exclu de ma pensée. Puis elle enchaîna :
Elle venait de finir de parler quand son téléphone sonna. C’était son père. Il était déjà vingt-heures. Elle se servit un dernier verre de vin et demanda la permission de rentrer. Avant de lui ouvrir la porte, elle se retourna, me regarda droit dans les yeux et baissa la tête comme pour me dire qu’elle aurait aimé rester plus longtemps ou qu’elle attendait quelque chose. Sans hésiter, je la pris dans mes bras puis lui caressa la joue avant de fourrer ma langue dans sa bouche. Elle m’enlaça et répondit à mon baiser. Juste que la sensation que j’avais ressentie à Abidjan avait disparu. Le baiser n’avait plus le même goût. Je relâchai mon étreinte et je la reconduisis vers sa voiture garée au parking de l’immeuble. En franchissant le portail, nous nous retrouvâmes nez-à-nez avec Elvire qui rentrait. Elle resta figée, devenant toute rouge. Moraine avec le visage grave commença à marcher rapidement vers sa voiture quand Elvire lui barra la route. Je pouvais sentir une rage monter en elle. Elle commençait à lever la main comme pour la frapper mais finalement pointa le doigt en direction de son visage et tout ce qui sortit de sa bouche était :