24 Septembre 2019
2019 aura été une année difficile pour les transporteurs aériens. Si en début d’année, le crash du B737Max de la Compagnie aérienne ETHIOPIAN a endeuillé le secteur, il faut reconnaître que beaucoup de compagnies aériennes ont dû revoir leur projection et planning suite à l’interdiction jusqu’à nouvel ordre de ce type d’avion censé apporter une meilleure réduction des coûts d’opération. Les compagnies américaines étaient les plus touchées car ayant le plus grand nombre en exploitation. Beaucoup de compagnies se sont donc ruées vers la concurrent Airbus qui pourra se frotter les mains pour les commandes reçues. Cependant, les livraisons ne pourront suivre la cadence des commandes considérant le carnet de commandes déjà disponibles.
Mais de tout cela, ce qui inquiète, c’est plutôt la faillite en trois semaines de trois grandes compagnies européennes dont deux françaises : Aigle Azur, XL Airways et Thomas Cook. Modèle de gestion en cause ? Business plan inefficace ? Manque de taux de remplissage ? Beaucoup de raisons se cachent derrière ces échecs. Il faut cependant noter que la haute compétitivité dans le secteur chamboule les plannings. Dans un environnement pareil, le « Network Planning » devient une pièce maîtresse.
Une conjugaison de facteurs liés à la hausse des coûts d’opération (surtout niveau fuel) et une baisse du prix coupon moyen (il faut reconnaître que de nos jours, les passagers cherchent par tout moyen à voyager le moins cher possible peu importe s’ils doivent subir des déviations énormes) menacent de plus en plus l’avenir des compagnies aériennes.
En Afrique, la situation est tout autre : les compagnies aériennes (pour la plupart nationales) bénéficient des subventions de l’Etat pour continuer par opérer avec des dettes astronomiques. Il ne faut pas aller loin pour trouver les exemples : South African Airways, Kenya Airways, Air Côte d’Ivoire, Camair-Co, Rwandair… Si la situation des deux dernières n’est pas si alarmante, le niveau d’endettement des deux premières inquiète. Déjà pour la prochaine saison Hiver, Kenya Airways se retire de la desserte de Cotonou et de Libreville. South African Airways s’est déjà retirée de la desserte de Dakar au profit de l’escale d’Accra vers les USA. En cause pour la plupart de ces compagnies, le style de Management sans le contrôle des dépenses, les mauvais choix de networking (reconnaissons que la plupart préfèrent coopérer avec des compagnies étrangères qu’africaines avec lesquelles elles peuvent rationaliser l’offre par rapport à une demande qui peine à augmenter au rythme souhaité), les charges aéroportuaires très élevées (monopole de fournisseurs de services au sol dans la plupart des aéroports en Afrique de l’ouest et Afrique Centrale), le manque d’ouverture du marché (protectionnisme des droits de trafic…)… Au milieu de ces tumultes, la Compagnie Aérienne ASKY basée à Lomé, totalement privée, semble mieux s’en sortir. Après l’ouverture de Johannesburg en juin dernier et de Pointe-Noire, ASKY annonce l’ouverture d’une ligne vers le Cap-Vert ainsi que d’une ligne intercontinentale.
Il urge pour les compagnies aériennes surtout africaines d’axer leur développement sur l’inter connectivité, la libéralisation du ciel africain, et surtout aux organisations représentant les compagnies aériennes (AFRAA) de faire pression sur les gouvernements pour permettre une meilleure gestion des compagnies aériennes. Ce serait sûrement un début salutaire.
Martial Daté TEVI-BENISSAN