Une Vie Compliquée - Chapitre 1

Elle était là penchée au-dessus de sa fenêtre, le regard dans le vide. Elle pensait et repensait à la discussion qu’elle venait d’avoir avec sa mère. Maintenant elle est une grande fille et devait commencer par devenir plus responsable. Même si elle ne venait de souffler que ses dix-huit bougies, elle devait prendre conscience que la vie, qui paraissait si belle et douce, ne l’était pas vraiment si on ne savait pas s’y prendre et si on ne se bat pas comme un diable. Tout ce que sa mère avait épargné lui appartiendrait un jour mais il fallait qu’elle se bâtisse elle-même un avenir pour ne pas devenir le jouet d’un homme.

Et c’était justement cela le problème. Être le jouet des hommes. Elle se savait charmante comme une poupée à force de se faire rabattre les oreilles avec ce compliment à chaque fois qu’elle mettait le nez dehors. Parfois cela l’agaçait. Mais quelque part cela lui plaisait aussi car elle pouvait obtenir facilement une place en amphi alors qu’elle n’était pas venue très en avance comme il se doit sur ce campus où la capacité d’accueil était inférieure au nombre d’étudiants. Elle, c’était Elisabeth. Ses amis l’appelaient plutôt Elsa. Mais quand elle devait se présenter à quelqu’un, elle affectionnait Elisabeth en s’empressant d’ajouter « comme la Reine d’Angleterre ».

Elle avait commencé l’université deux ans plus tôt après avoir obtenu son baccalauréat avec la mention Bien. Elle avait dû s’inscrire avec une autorisation parentale car étant encore mineure. Mais cela ne se lisait pas tant que cela sur son visage. Les gens avaient l’habitude de lui donner facilement cinq ans de plus. On pouvait donc aisément imaginer qu’elle était bien bâtie pour son âge. Un sourire presque naturel avec des fossettes, un teint légèrement clair, une hanche qui se dessinait à travers tout ce qu’elle portait et surtout une poitrine provocante avec des seins dressés à l’horizontale. Elle n’avait pas beaucoup de fesse mais savait se mettre en valeur. Elle était aussi un peu athlétique, donc un corps ferme. A plusieurs reprises, elle a été obligée de sortir sa carte d’identité pour tenir les hommes éloignés d’elle car c’était interdit d’avoir des relations avec une mineure. Maintenant qu’elle en avait le plus besoin, elle ne peut plus utiliser sa carte d’identité comme prétexte face à cet inconnu qui l’avait reçu dans son bureau deux jours plus tôt.

En effet, elle devait présenter à la fin de la deuxième année un résumé de stage effectué pour valider son parcours universitaire avant d’entamer l’année de licence. On ne leur laissait pas le choix car l’Université les recommandait directement. Cependant, chaque étudiant devait passer une interview et convaincre l’entreprise de l’accepter en stage académique. Echouer reviendrait à chercher soi-même une entreprise qui réponde aux mêmes critères. Comment qualifier cette interview ? Un désastre ? Elle avait encore trois jours pour se décider. Elle réfléchissait encore à la situation quand la sonnerie de son téléphone la ramena sur terre. Elle se précipita espérant décrocher un appel d’un ami qui voudrait lui souhaiter un joyeux anniversaire. Cependant le numéro ne faisait pas partie de ses contacts. Elle hésita avant de décrocher.

D’une voix timide, elle s’exprima :

• Allô !
• Joyeux Anniversaire ma chérie.
• Euh merci. A qui ai-je l’honneur s’il vous plaît ?
• Ah toutes mes excuses. J’avais oublié les bonnes manières. C’est Jean-François.
• Quel Jean-François ? Je ne suis pas sûre de vous connaître.
• C’est vrai qu’on s’est vus qu’une seule fois mais j’espérais que tu ne m’oublierais pas si vite.
• Toutes mes excuses alors. Mais pouvez-vous me rappeler à quelle occasion nous nous sommes rencontrés ?
• ATLANTIS.
• Quoi ?

Le téléphone venait de lui tomber des mains, stupéfaite. Elle ne s’empressa même pas de le ramasser. Son cœur battait très fort. Comment pouvait-il oser l’appeler ? Quel mal avait-elle fait pour mériter un sort pareil ? Pourquoi devrait-elle subir ces manières ? Que faire ? Une voix lointaine répétait « allô allô » à travers le combiné. Mais elle était décidée à ne plus adresser la parole à ce Jean-François. Heureusement, il finit par raccrocher de lui-même. Elle pouvait pousser un ouf de soulagement. Désolée de ce qui lui arrivait, elle mit de la musique puis finalement s’endormit.

A son réveil, un message l’attendait sur son téléphone.

Auteur: Martial Daté TEVI-BENISSAN

à suivre...