25 Avril 2020
Le spectacle était vraiment époustouflant. Tout était savamment orchestré et bien préparé. Puis un groupe de danseurs fut annoncé. Si j’ai bonne mémoire, c’était le groupe Scorpion. Pour une première fois, je découvris un mélange de rythmes et de pas de danse. J’arrivais à peine à croire qu’ils exécutaient du break dance sur un morceau classique et que des morceaux classiques pouvaient se danser sur un autre rythme. J’étais encore emballée à tel point qu’après leur départ, je continuais à applaudir.
Les discours se sont succédés puis le prix fut annoncé. Mon père fut invité sur le podium et avant de prononcer son mot de remerciements, il me fit signe de monter le rejoindre. J’avais peur et je sentais une certaine lourdeur dans les jambes quand je montais les escaliers. J’avais l’impression que le temps s’était figé. Quand j’arrivai à son niveau, il me tendit le prix et en prenant le micro, prononça les mots suivants.
Puis se tournant vers moi, il ajouta :
J’en avais les larmes aux yeux. Mais au fond, je savais que ce discours avait été préparé pour ma mère. Toute l’assemblée se leva pour applaudir. Lui me serra fort dans ses bras avant de dire presque en sanglots un timide merci dans le micro. Nous avons ensuite regagné nos places puis le moment du bal arriva. Il m’invita à l’accompagner pour un tour de piste. J’hésitai un moment mais je sentais des regards se poser sur moi. Il s’en était rendu compte et me murmura dans les oreilles :
Il m’entraina et nous dansâmes comme si j’étais une experte. C’était le pied. Nous étions revenus nous asseoir et la soirée a continué. Puis c’était l’heure du bal populaire. Un jeune homme s’était approché pour m’inviter à danser. Dès que j’ai posé mon regard sur lui, un frisson me parcourut le corps. J’eus l’impression d’avoir eu le souffle coupé. Il était très mignon garçon, et super bien habillé. Sans réfléchir, je pris la main qu’il me tendit. Il m’entraîna sur la piste et me serra contre lui. C’était agréable de vivre ce moment. Je n’avais jamais senti un tel frisson me parcourir le corps. Peu de temps après, il me raccompagna à ma place et me promit qu’on se reverrait bientôt. Mon père m’informa que c’était un jeune cadre du Ministère qui est à ses débuts. Il avait six ans de plus que moi. Comme tout le monde essayait de m’inviter à danser, mon père, leur dit calmement que j’étais encore mineure et qu’il était temps de rentrer à la maison. J’avais voulu protester mais j’étais déjà reconnaissante pour cette soirée.
Ensuite j’ai exigé que papa m’apprenne à danser. Donc tous les week-ends, nous passions au moins quatre heures à faire des pas de danse. Maman me montrait ce qu’il faut faire et je m’exerçais avec papa. Deux ou trois mois après la soirée, papa se retrouva à l’hôpital. J’étais entrain de monter la garde quand le jeune cadre avec qui j’avais dansé était venu apporter des fruits à papa et un mot de soutien de ses collègues de bureau. Il resta un peu, me tenant compagnie et posant toutes sortes de questions. Je sentais que je l’intéressais mais il n’osait pas me draguer. Surtout en présence de mon père, même s’il était malade. En partant, il posa un baiser sur ma joue. Ce qui eut pour effet de me figer et il ajouta : « On se voit quand tu veux ; fais signe et Jean-François sera au rendez-vous ». Il avait réussi à glisser sa carte de visite dans la poche de mon jean pantalon. Cela avait eu pour effet de me glacer car personne n’avait jusque-là osé toucher et caresser mes fesses. Je ne te cache pas que c’était agréable. Si seulement mon père l’avait vu. Après son départ, j’ai passé du temps à revivre ce moment avec lui dans ma tête. Quelques semaines plus tard, je lui fis signe et il passa me chercher à la sortie de l’université pour prendre une glace. Il avait réussi à me convaincre et je m’étais laissé aller. Sauf que je n’avais pas encore dix-huit ans et que papa m’avait mise en garde. Si jamais j’apprends que tu as une relation avec un garçon avant d’avoir au moins tes dix-huit ans, tu me sentiras. Je savais qu’il était sérieux. Alors je cachais bien mon jeu pour ne pas montrer qu’un garçon me plaisait. Nos petites rencontres ont duré un bon bout de temps avant qu’il n’osât m’embrasser sur la bouche. C’était la première fois qu’un homme posa ses lèvres sur les miennes. J’avais l’impression de décoller du sol et de planer.
Un récit de Martial Daté TEVI-BENISSAN
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