Une Vie Compliquée - Chapitre 37

Elle murmura dans ses oreilles : Que Dieu veille sur toi.

Merci maman.
Marc, ramène-la saine et sauve. Compris ?
Oui madame.

Puis ils quittèrent la pièce, laissant Diane seule au salon. Elle se précipita sur le balcon afin de les observer partir. Ce Marc est vraiment bien éduqué. Rare de voir de nos jours des garçons courtois dans les échanges surtout quand c’est un peu agressif. Et quelle galanterie de sa part ! Cependant, toute cette scène ne lui fit pas oublier que Marc avait déjà une petite amie et que des jours difficiles ne sont pas loin.

La soirée se passa dans une ambiance assez détendue. Marc s’est rapidement senti comme adopté et subissait un interrogatoire comme il n’en avait jamais vu. Il pensait avoir vécu le pire avec la maman d’Elsa mais c’était sans compter sur la ténacité des colporteurs qui veulent être au courant de tout. A plusieurs reprises, il leur demandait poliment de poser cette question plutôt à Elsa qui faisait le tour pour offrir des accolades à qui le voulaient. Puis comme surprise, elle fit sortir le gâteau « fait-maison ». Ce qui d’ailleurs avait surpris plus d’un. Le bal fut ouvert et évidemment Marc fut le premier à l’engager. Après tout, il était son cavalier et cela serait suspect si ce n’était pas le cas. En plein milieu du morceau qui passait, Marc engagea la conversation :

Cette robe te va à merveille.
Merci. Et toi, cette chemise, je la trouve parfaite.
Merci. Je ne savais pas vraiment quoi mettre et j’ai dû l’enfiler. C’est d’ailleurs la première fois que je la porte.
Tu ne me croiras pas mais j’ai vu un modèle similaire il y a quelques jours et je me disais que ça t’irait très bien. Et je pensais même l’acheter et te l’offrir.
Mon anniversaire est dans deux mois et je ne serai pas contre l’idée d’avoir une deuxième chemise identique comme cadeau.
Tu l’as depuis ?
Non, un cadeau il y a deux jours de cela.
Tu es sûr ?
Oui, pourquoi ?
Et qui te l’a offerte ?
Cela n’a pas d’importance.
Si, pour moi cela a de l’importance et je crois savoir qui te l’a offerte.
Peut-on aller en parler calmement un peu à l’écart de la piste ?
Pas de souci.

L’ayant entraînée hors de la piste de danse, Marc lui demanda gentiment s’il y avait un problème. Elle répondit :

Cette chemise, est un cadeau de Sylvie.
Comment peux-tu savoir cela ?
Parce que je l’ai aidé à la choisir. Maintenant tout me revient. J’étais sûre de l’avoir déjà vue quelque part.
Tu me fais peur là. Je ne comprends rien du tout. Tu peux m’expliquer un peu ?
Eh bien, tu vois la robe que je porte ?
Ne me dis pas que c’est un cadeau de Sylvie aussi ?
Non, mais c’est elle qui m’a aidé à choisir cette robe.
Non ce n’est pas vrai. Tu racontes des histoires. Bon Dieu, vous vous connaissez où ? Depuis quand ? Vous jouez à quel jeu avec moi ?
C’est plutôt à moi de te poser cette question.
Je crois que j’ai besoin d’un verre, si tu le permets.

Le reste de la soirée se passa un peu bizarrement. Marc engloutissait verre sur verre tout ce qui lui passait sous la main. Elsa avait même peur qu’il devienne saoul et soit incapable de conduire. Mais tout porte à croire qu’il était endurant et résistant à l’alcool. Ses yeux étaient quand même légèrement rougis quand il vint présenter ses excuses à Elsa pour son comportement. Elsa découvrit que, sous cette forme parfaitement bien bâtie, se cachait une âme sensible, un être qui dispose de faiblesse et qui en ce moment, faisait un peu pitié.

Je suis vraiment désolé.
Je te comprends. Moi aussi je suis bouleversée.
Et si on sauvait ce qui reste de la soirée ? Je n’aimerais pas que tu repartes totalement effondrée d’ici.
Alors commence par me sourire d’abord.
Euh, comme ceci ou comme cela, répliqua Marc en faisant des grimaces.

Il avait réussi à lui arracher finalement un sourire. Puis l’invita à lui accorder une nouvelle danse. Ce fut le moment qu’apprécia le plus Elsa. Pendant un court instant, elle avait perdu Marc mais le sentir si près et surtout se sentir aimée dans ses bras lui procurait une telle paix qu’elle ne voulait plus penser à autre chose. Elle savourait l’instant présent. Marc était en plus très bon danseur. Il l’entrainait dans ses mouvements si bien qu’elle se voyait prester sur une scène internationale. L’image lui fit faire des grimaces. A la fin du morceau, elle emprisonna les lèvres de Marc avec une telle envie qu’il n’eut pas d’autre choix que de se laisser aller. Elle en demandait, encore et encore, presque désespérée, oubliant qu’ils n’étaient pas seuls. Puis elle ajouta :

Emmène-moi loin d’ici, s’il te plait.

Un récit de Martial Daté TEVI-BENISSAN

A suivre…