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Un blog qui décrit ce que je vis, ressens, pense, ce que j'imagine et qui me permet de partager avec vous mes expériences de la vie.

Graines de pensées...

Le Togo va mal – épisode 2 - La santé publique

Le Togo va mal – épisode 2 - La santé publique

La vie est précieuse dit-on souvent. C’est pour cela que nous disposons de centres de santé pour nous soigner quand le corps et parfois l’esprit sont malades. Pour gérer ces centres de santé comme toute structure d’ailleurs, nous avons des responsables. Et pour y travailler afin de fournir le service qu’il faut, nous avons le personnel soignant. En terme de personnel soignant, nous avons les docteurs spécialisés, les médecins généralistes, les infirmiers, les aides-soignants, les sages-femmes, les kinés ainsi que du personnel administratif.

Mais si mon pays va mal, ce n’est pas juste par manque de médecins, mais surtout à cause du fonctionnement du système de la santé transformé plus que jamais en institution financière avec pour but principal de se faire le maximum de profit. La santé du malade est devenue un vrai business qui ne dit plus son nom.

Au manque d’infrastructures souligné, surtout dans les soins de santé publique (CHU, CMS…), c’est à la façon dont les patients sont soignés qui interpelle aujourd’hui.

Peu importe l’individu en face de nous, et même si on reconnait qu’il existe toujours une discrimination qui se passe dans la vie, le personnel soignant doit avoir un minimum de considération. C’est impensable que la vie de certains citoyens soit gérée comme, excusez-moi le terme, de la merde, qu’on se permette de balader de service en service, de soins en soins sans un diagnostic réel. Des patients admis en soins intensifs au CHU-SO (CHU Sylvanus Olympio) suivant ma dernière expérience n’ont pas pu bénéficier d’analyse et pour cause, le CHU-SO n’aurait pas l’habitude de faire ces analyses pendant le week-end. Je peux concevoir que cette phrase soit donnée à un malade quelconque en simple consultation qu’à un malade en situation critique. J’ai du mal à voir des médecins diriger des patients vers des cliniques alors qu’ils sont en soins très intensifs parce qu’une dialyse au CHU-SO suit un calendrier établi et que si tu n’as pas de bras longs… Vous connaissez la suite. J’ai beaucoup d’amis médecins à qui je le dis déjà. Mais il faut que quelque chose de plus officiel soit dit à l’intention de tous les autres.

Nous avons souffert dans ce pays des grèves des médecins mais faut-il aujourd’hui reconnaître que ces grèves étaient plutôt une résultante de leur résistance au changement du système qui leur permettait de s’enrichir sur le dos du malade ?

En visitant l’aile des soins intensifs au CHU-SO, je me suis posé une question fondamentale : « Pourquoi avoir dépensé autant pour rénover la morgue plutôt que les autres services du CHU-SO au sein desquels sont prodigués les soins aux malades ? ». J’ai essayé de poser la question et il parait qu’il aurait été demandé aux chefs de service de monter leur projet de rénovation (de leur service) et de soumettre pour décaissement des fonds déjà disponibles et depuis deux ans, seul le responsable de la morgue a soumis le sien.

Bientôt nous aurons encore ces mêmes médecins en grève pour réclamer de meilleures conditions de travail alors qu’ils sont incapables eux-mêmes de monter le projet qui leur est demandé pour leur offrir non seulement à eux mais aussi aux malades des conditions décentes pour administrer et se faire administrer les soins. Je me demande s’il ne vaut même pas mieux dire qu’ils n’ont pas la volonté de concurrencer leur propre business dans le secteur des cliniques. Mon pays va mal parce que les gens le veulent ainsi.

Au ministère de la santé, il revient de prendre la responsabilité de ne pas attendre les chefs de service et de consulter des cabinets privés pour rénover au plus vite les autres services du CHU-SO même si cela ferait des mécontents.

Aux patients, il revient de dénoncer, aussi publiquement que souvent, les acteurs indélicats dans les centres de soins. Et pour ce faire, l’administration du centre de santé doit rendre obligatoire un badge d’identification de chaque intervenant et de son titre.

Mon pays va mal, mais si nous voulons, nous pouvons le soigner ensemble.

Togolais viens, bâtissons la cité.

 

Martial Daté TEVI-BENISSAN

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