L’AFRIQUE APRES COVID-19 : QUEL VISAGE ?

06/04/2020 03:44

S’il y a une chose que j’ai pu remarquer pendant cette crise du Coronavirus, c’est non seulement l’état d’impréparation de nos pays en Afrique mais surtout la non-maitrise des leviers essentiels qui pilotent le développement de nos pays. Beaucoup de décisions prises ont été du copier-coller des modèles européens ou américains alors que les réalités sont tout autres. Je n’ai pas envie de m’attarder sur la compétence ou non de la classe dirigeante actuelle car je veux bien croire au principe de l’asymétrie des informations étudiée dans les modèles en économie. Bref, on prend les décisions en fonction de ce que l’on sait et des informations dont on dispose. Tout le monde le fait dans sa vie de tous les jours. Et tout porte à croire qu’en Afrique, les dirigeants politiques et les administrés vivent dans deux mondes séparés.

Les dirigeants semblent en effet donner l’impression de maitriser ce qu’ils font au quotidien alors qu’en réalité, ce sont des amateurs. Une crise qu’elle soit politique, militaire, ou sanitaire agit forcément à plusieurs niveaux et avec des degrés divers. Il est donc important pour l’Afrique d’apprendre de cette crise et de mieux s’organiser. Peu importe que l’on soit du parti au pouvoir ou de l’opposition, la priorité doit être le bien être collectif. Malheureusement, nous semblons loin d’arriver à ce niveau. Cependant, il y a un élément important : le bien-être individuel dépend en quelque sorte du bien-être collectif. L’Afrique doit se repenser sur plusieurs plans :

Plan sanitaire et médical : à quoi doivent ressembler nos hôpitaux ? Que doit être le minimum acceptable ? Quels protocoles définir et utiliser en cas de crise sanitaire (d’une épidémie à une pandémie) avec des niveaux d’alerte bien précis ?
Plan éducationnel : le système scolaire se base sur quoi en fait de nos jours ? Avons-nous des programmes adaptés à nos réalités et besoins ? Et si on donnait une dimension de recherche à notre éducation ?
Plan économique : une majeure partie de l’économie de nos pays se retrouve dans le secteur informel sans moyen réel de contrôle sur les leviers qui font fonctionner ce type de secteur. Que mettre en place pour passer de l’informel au formel ? Quelle fiscalité et mesure d’accompagnement pour mieux responsabiliser le citoyen ?
Plan communautaire : nous avons beaucoup d’organismes régionaux censés piloter et encadre d’une certaine manière le développement de nos pays. Mais sont-ils encore efficaces si la CEDEAO, la CEMAC, la SADEC pour ne citer que celles-là ne disposent même pas de centre de recherches dans le domaine médical, informatique, agricole… ? Si la recherche scientifique exige énormément mais qu’un Etat ne peut tout assumer, alors pourquoi ne pas mutualiser les efforts et les ressources ?

Les plans ci-dessus ne sont pas exhaustifs et la réflexion continue. Ce n’est qu’un début.

Je reste persuadé que l’Afrique regorge de cerveaux capables de révolutionner le quotidien de ses populations et mieux se positionner sur l’échiquier mondial. Ensemble nous pouvons faire mieux.

Martial Daté TEVI-BENISSAN