Une Vie Compliquée - Chapitre 25

Elle sursauta car croyant que la voiture allait la renverser.

Oh putain, c’est quoi ces conneries cria-t-elle en se retournant vers le chauffeur.

Depuis l’intérieur de la voiture, on pouvait l’entendre vociférer en ces termes : Dès que vous avez vos jolies voitures, vous vous croyez tout permis. Espèces de …

Elle n’avait pas pu finir sa phrase car le chauffeur baissa la vitre avec un sourire moqueur :

Monte ma chérie.
Quoi ?

Elle se rapprocha un peu plus pour se rendre compte que c’était Marc.

Tu as changé de voiture ?
C’est celle de ma sœur Sylvie.
Vous avez de jolies voitures dans votre famille.

Elle s’excusa auprès du chauffeur de taxi avant de monter à l’avant de la Mercédès.

Jolie voiture comme ta BMW.
Excuse-moi pour le retard. J’avais été un peu pris au bureau et ma batterie aussi avait lâché. Du coup je n’ai pas pu te faire signe.
Mais tu étais garé devant moi depuis au moins une bonne demi-heure.
Je ne pouvais me lasser de te dévorer des yeux. Tu es tellement belle.
Arrête, tu me fais rougir.
Je suis sérieux. Tu étais encore plus ravissante quand tu commençais par t’impatienter et t’énerver.
Donc tu es à fond dans ton rôle de séducteur comme cela ?
Un peu oui. Mais aussi un peu sincère. Je dirai cinquante-cinquante.
Merci de ta franchise.
Mais honnêtement, tu es ravissante. Je donnerais tout pour conquérir ton cœur si j’avais la possibilité.
Et qu’est-ce qui t’en empêche ?
La réalité, c’est que j’ai une petite amie et ce ne serait pas bien de lui faire cela.
Ah oui je vois. Tu as raison. Peut-être même qu’il faut arrêter ce jeu pour éviter de tomber dans le piège du jeu.
J’avoue que je ne serai pas contre.
Ah les hommes.
Ah les femmes.

Ils parlèrent de tout et de rien durant tout le trajet d’autant plus que Marc conduisait comme un escargot. Il fit un détour par une pâtisserie sur la route et lui proposa des crêpes et un café pour se réchauffer un peu. Elsa profita pour en savoir un peu plus.

Alors dis-moi, ta petite amie, elle est comment ?
Tu veux dire physiquement ?
Je veux tout savoir d’elle.
Très étonnant. Tu veux devenir sa rivale ?
Je ne suis qu’une débutante. Je ne peux pas me permettre de me battre contre un vétéran.
Elle n’a jamais fait la guerre.
Tu sais bien que je ne parle pas de cela.
Bref, elle travaille dans une ONG spécialisée dans l’éducation en milieu défavorisé.
Dans l’humanitaire alors. C’est bien.
Ce qui fait qu’elle est souvent en déplacement.
Et ça ne la gêne pas de te laisser seul lors de ses déplacements ?
Genre que les autres filles vont me détourner d’elle ?
Oui en quelque sorte.
Je ne crois pas. C’est vrai que nous n’avons jamais évoqué le sujet mais on se connait depuis le collège. Elle me fait confiance.
Et toi tu lui fais confiance ?
Bien sûr que oui.
Elle part souvent pour combien de temps ?
Le tout dépend de la localité. Et si c’est vers le nord du pays, alors cela peut durer un mois.
Et pendant ce temps, il ne t’arrive pas de ressentir le besoin de faire l’amour ?
Rarement vu que je suis souvent absorbé par le travail. Peut-être que tu peux m’aider sur ce coup-là. Qui sait ?
Non. Je ne pense pas être le passe-temps d’un homme. Si ça doit arriver entre nous, alors il faudra que tu sois à moi seule.
Je vais essayer de ne pas oublier.
Tu as intérêt. Mais une chose m’intrigue. Tu n’as pas le temps de sortir car occupé presque tout le temps par ton travail et pourtant tu connais de bons coins dans cette ville.
Comme un bon célibataire qui n’a pas envie de manger tout le temps la cuisine de maman et qui n’a pas sa petite amie auprès de lui.
Ah oui !
Par contre, je serai ravi de goûter à ta cuisine.
Je ne suis pas une bonne cuisinière.
Généralement ce sont les meilleures qui s’expriment de la sorte.
Et elle s’appelle comment ta copine ?
Sylvie
Tiens. Elle a le même prénom que ta sœur ?
Ma sœur c’est Sophie.
Et pourtant j’étais sûre que tu m’avais dit Sylvie.
Je devais avoir les esprits ailleurs mais je suis presque sûr que j’avais dit Sophie. D’ailleurs elle devrait être en train d’attendre sa voiture.

Il était occupé à régler l’addition via le terminal de paiement électronique quand son téléphone vibra sur la table. Elsa y jeta un coup d’œil rapide, de manière furtive et discrète, pour voir qui appelait. Elle ne fit pas de commentaires en prenant soin de détourner son regard. Ils regagnèrent la voiture et il la déposa devant chez elle. Cette fois-ci il se contenta de déposer un baiser humide sur sa joue en lui souhaitant une bonne fin de soirée.

Elle s’engagea dans les escaliers en marchant comme si quelque chose la retenait par derrière. En réalité, elle s’attendait à un baiser comme le matin. Elle était partagée et perdue dans ses sentiments. Il ne serait jamais à lui. Son rêve s’était brisé en apprenant autant de détails sur Marc. Il était déjà pris. Elle devait tourner la page. Même ce jeu ridicule par rapport à ses collègues devait cesser. Parce qu’elle commençait vraiment par nourrir des sentiments pour ce bel homme.

Quand elle regagna sa chambre, elle s’affaissa sur le lit puis comme une fille amoureuse, repassa le film de la soirée. Mais attends. Et si Marc mentait juste pour éviter de lui montrer qu’elle l’intéressait ? Elle était certaine qu’il avait parlé de Sylvie. Et même quand il était venu la chercher il avait dit que la voiture était à sa sœur Sylvie. Mais à la fin, sa sœur devient Sophie au moment où il révèle que sa petite amie s’appelait Sylvie. Une confusion totale. Un cafouillage inexplicable. Une attitude douteuse. Comment peut-il se mélanger dans les noms ? Marc disait-il vraiment la vérité ? Et si Sylvie et Sophie étaient en réalité la même personne ? Et même dans ce cas, qu’est-ce qui serait la vérité ? Sa petite sœur ? ou Sa petite amie ?

Un récit de Martial Daté TEVI-BENISSAN

à suivre...