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Un blog qui décrit ce que je vis, ressens, pense, ce que j'imagine et qui me permet de partager avec vous mes expériences de la vie.

Graines de pensées...

LA FILLE DE LA DALLE - CHAPITRE 8

LA FILLE DE LA DALLE - CHAPITRE 8

Il existe parfois certaines situations face auxquelles il est difficile de répondre sans donner l’impression de mentir. Après tout, celui qui se lève tôt ne voit pas le lézard se brosser les dents. Que pouvais-je répondre sans que Moraine ne pense que je draguais sa cousine ? J’étais un peu embarrassé. Heureusement que Geneviève était là pour venir à ma rescousse.

  • Nous venons de faire connaissance. C’est ton collègue dont tu me parlais ?
  • Oui. Mais vous avez déjà fait connaissance?
  • Il faut reconnaître que tu as un collègue intéressant et intègre. Je comprends pourquoi tu en pinces pour lui. Si tu n’étais pas ma cousine, je te l’aurais arraché.
  • Euh, je suis un peu confuse. Charles, ne l’écoute pas ; elle est toujours comme cela, très taquine.
  • Je l’ai remarqué. Je ferai comme si je n’avais rien entendu. Mais je ne savais pas que tu en pinçais pour moi.
  • Arrêtes s’il te plaît Charles.
  • Depuis combien de temps déjà ?
  • S’il te plaît, je promets de tout t’avouer mais de grâce, pas ce soir.
  • Ok. Laisse-moi au moins te dire que tu es ravissante.
  • Merci. Souffre que je ne te fasse pas de compliments sinon…
  • Je ne t’en voudrais pas tu sais ? Donc tu peux dire. D’ailleurs personne ne nous écoute et je te jure que cela restera entre nous.

Elle se retourna pour s’assurer que sa cousine était bien partie chercher sa voiture puis me regarda dans les yeux puis me questionna avec un regard méchant :

  • Cela ne te suffit pas de me draguer ? Tu veux te faire ma cousine aussi ?
  • Non, non, et non. Sur ce coup, tu te trompes. Je ne l’ai pas draguée.
  • Mais tu n’as pas pu t’empêcher de l’aborder. Et c’est toujours comme cela que tout commence avec vous les hommes.
  • Je pensais que tu voulais me faire des compliments.
  • En fait j’avais voulu t’embrasser.
  • Et pourquoi tu ne le fais pas alors ?
  • Je le réserve pour la fin de la soirée, beau gosse.

Les femmes sont tout simplement incroyables. Le changement d’humeur quand elles sont amoureuses est si fréquent qu’il faut une mise à jour régulière de ton cerveau pour ne pas te tromper sur ce qu’elles veulent. Il y a quelques heures, elle insistait pour que je fasse comme si de rien ne s’était passé entre nous, et là, elle me dit qu’elle voudrait m’embrasser à la fin de la soirée. Vraiment, je doute de plus en plus de l’adage qui dit que ce que femme veut, Dieu veut. Car je sais que Dieu sait ce qu’il veut mieux que les femmes. Geneviève nous avait déjà rejoints avec son Opel Corsa et nous fît signe de monter. J’étais assis à l’arrière évidemment. Elles se retournèrent pour me jeter un regard comme pour me demander si j’étais bien installé, puis se regardèrent avec un sourire complice puis Geneviève démarra.

Qu’est-ce que ces deux filles ont derrière la tête au juste ? Je ne pouvais le savoir car elles chantaient à tue-tête comme deux folles. Il faut reconnaître que leur compagnie était amusante. J’aurais regretté si j’avais décliné l’invitation de Moraine à sortir ce soir. De temps en temps, elle me jetait des regards complices et je répondais par un sourire qui ne passait pas inaperçu. Car à chaque fois, Geneviève nous demandait de nous concentrer sur l’instant présent que nous partageons avec elle surtout que nous aurons tout le reste de la nuit, seuls. Elle n’hésita pas à insister pour nous redéposer à l’hôtel puis avant de partir, me souffla dans l’oreille à voix basse:

  • Prends bien soin d’elle sinon tu auras affaire à moi. C’est un conseil.
  • Bien noté. Tu peux compter sur moi répliquai-je à voix basse également.

Puis elle nous laissa au pas de l’entrée principale en démarrant en douce. Instinctivement, Moraine glissa sa main dans la mienne et s’adossa à mon bras comme pour s’accrocher à un oiseau qui essaye de s’envoler. Quand nous arrivâmes devant sa porte, elle l’ouvrit puis se retournant vers moi, elle déposa un léger baiser sur mes lèvres. Puis m’imposant le silence avec son index, elle me regarda fixement puis sans ajouter un mot s’engouffra dans sa chambre et referma derrière elle. Je n’insistai pas et regagnai ma chambre. Je pris soin en même temps de faire ma valise et de ranger ce qu’il fallait pour éviter d’oublier quelque chose dans la chambre.

Je ne savais pas si Cynthia était toujours à Abidjan mais je me rappelais avoir parlé de trois jours devant elle. Soit elle est déjà retournée à Lomé, soit nous nous croiserons à l’aéroport ou soit je la manquerai à Lomé. Mon cœur battait de plus en plus vite en pensant à tous les scénarios possibles. Un peu ennuyé de ne rien faire, j’allumai pour la première fois la télévision qui meublait la chambre. Je regardais la télévision sans vraiment regarder tant les programmes qui passaient ne m’inspiraient pas. J’avais juste besoin d’un peu de compagnie. J’eus envie d’appeler Moraine mais je repensai à ce que cela pourrait avoir comme complications plus tard et je me ravisai.

J’étais allé très tôt à l’aéroport pour bien observer la foule qui se pressait pour se faire enregistrer. Peut-être que je verrai Cynthia. Je m’en voulais de ne les avoir pas interrompus quand j’avais eu l’occasion afin qu’elle sache que je l’ai prise en flagrant délit. Le temps passé ne se rattrape plus. Et pour cette raison, il me fallait bien calculer mes prochains pas et bien repenser tout ce que je poserai comme acte. Jusqu’à ce que j’obtienne ma carte d’embarquement, je ne pouvais voir l’ombre de ma petite amie. Je déclinai d’ailleurs l’invitation au salon business juste pour scruter tout ce qui passait dans mon champ de vision. Je fis le tour de toutes les boutiques de l’aéroport. Aucune trace de Cynthia. Même pour l’embarquement, je me précipitai pour être le premier bien que par rapport au type d’avion sur la ligne, c’était plus confortable de monter en dernier quand l’on est en classe affaire. L’embarquement fut terminé et toujours pas de trace de Cynthia.

Le service à bord était impeccable comme à l’aller mais je ne prêtais pas vraiment attention à ce que disait le personnel navigant commercial. Si bien qu’il leur fallait se répéter assez souvent pour attirer mon attention. Même le repas qui me fût servi était resté intact. Il faut dire que j’avais l’air déçu et abattu. J’avais le trac pour ce qui m’attendait à Lomé et que je devais affronter. Mes craintes, mes doutes, ma rage intérieure, mon envie de vengeance, tellement d’émotions que j’étais certain que mes poils se dressaient le long de mon bras. Quelle ne fût pas ma surprise de voir Cynthia m’attendre dans le hall arrivée ! Dans un premier je fis semblant de l’ignorer mais elle me héla et s’empressa de sauter à mon cou tel une adolescente amoureuse qui attendait impatiemment son amant. Il me fallait d’abord jouer à son jeu.

  • Ah que fais-tu là, chérie ?
  • Eh bien, je suis venue t’accueillir.
  • Je ne t’avais pourtant pas dit que je rentrais aujourd’hui après notre discussion d’hier.
  • Tu n’avais pas besoin de me le dire. Tu me manquais tellement que je comptais les heures depuis ton départ.
  • Je suppose donc que nous aurons une longue séance de rattrapage.
  • Si tu veux, nous pouvons même commencer tout de suite.

Joignant l’acte à la parole, elle m’embrassa tendrement. Je me laissai faire et répondis à son baiser. Quand elle relâcha l’étreinte, c’était à mon tour de l’attirer contre moi et de prendre les commandes en lui malaxant les fesses. Elle joua à la fille un peu gênée de voir des mains, même de son petit ami, se balader sur ses fesses en public et s’empressa de remonter mes mains dans son dos en ajoutant :

  • Arrête de faire cela quand nous sommes en public. Cela ne donne pas une bonne image. En plus tu m’excites en faisant cela. Mais dommage que j’ai commencé mes menstruations depuis hier.
  • Ce n’est pas grave. Tu es venu en taxi ?
  • Oui. Tu dois être fatigué je suppose. Je voudrais bien t’aider à porter tes sacs mais tu sais que tu es plus musclé que moi et que je risque de m’écrouler ici.
  • Je sais.
  • Chéri, ce n’est pas que je ne veux pas. Mais…
  • Tu n’as pas besoin d’expliquer. Allons-y !

J’étais déjà à deux mètres d’elle quand elle me rattrapa. Je n’avais qu’une envie : celle de me barrer et de ne plus la voir. Elle qui était à Abidjan, au même moment que moi, subitement se retrouve en menstruations. Les femmes doivent sûrement avoir quelque chose qui leur permette de mentir sans laisser transparaître quoique ce soit. De toutes les manières, je connaissais son cycle menstruel et je faisais déjà le décompte dans ma tête. Normalement, elle ne devrait avoir ses menstrues que dans une semaine. Pour quelles raisons, elle disait qu’elle était déjà en menstruations ? C’est vrai que parfois il y a des anomalies mais l’écart me paraissait un peu élevé. Je voulu lui poser la question mais je préférai garder mon calme jusqu’à ce que nous arrivâmes à mon appartement. J’étais silencieux tout au long du parcours qui durait environ une trentaine de minutes entre mon appartement et l’aéroport. Je regardais à travers la vitre le décor que nous traversions comme si c’était ma première fois de venir à Lomé.

C’est vrai qu’il n’y avait pas d’immeubles comme à Abidjan et cela peut expliquer d’ailleurs pourquoi la circulation était relativement fluide par rapport à la capitale ivoirienne. Le seul truc que je ne comprenais pas dans toute cette histoire était notre retard par rapport aux autres capitales voisines. Une si petite ville qui ne dispose même pas de bonnes routes, où certains feux de signalisation fonctionnent comme à l’école coranique, avec des chauffeurs qui apprenaient le code de la route juste pour l’obtention du permis de conduire. C’est quand même compliqué de voir toutes les annonces qui se font tous les jours mais de ne voir aucune réalisation concrète. Après tout, les promesses en politique sont comme de la publicité pour obtenir le suffrage du citoyen. J’étais toujours là dans mes pensées quand la voiture s’immobilisa devant chez moi. J’espérai renvoyer Cynthia chez elle mais quelque chose venait d’attirer mon attention.

Cynthia n’avait plus la même coiffure sur la tête. Elle adorait faire soit des tissages soit mettre des perruques. Je savais qu’elle avait fait des tissages et j’avais vu le même tissage sur sa tête à Abidjan. Mais là, elle avait plutôt une perruque. Je lui fis des compliments sur sa nouvelle coiffure. Elle était heureuse et ajouta :

  • Tu ne peux imaginer à quel point j’ai encore un peu mal. Je l’ai fait juste ce matin et je pensais que tu ne l’avais pas remarqué à ta descente de l’avion.
  • Je suis persuadé que la douleur va bientôt se dissiper.
  • Je l’espère aussi.

Puis j’avançai ma main pour lui caresser les cheveux. J’avais eu envie de les lui tirer et de plaider la maladresse quand je remarquai comme une bosse.

  • Tu t’es cognée la tête ?
  • Oui mon chéri. Mais ce n’est pas grave.
  • Laisse-moi voir.
  • Ce n’est rien de grave. J’ai juste cogné ma tête contre le bord du lit en recherchant une chaussure.
  • Ok. Si tu le dis.

Je m’installai en ouvrant les persiennes afin d’aérer l’appartement. Elle me servit de l’eau qui se trouvait dans le frigidaire et après se proposa de me faire la cuisine avant de partir. Mais j’insistai pour qu’elle ne le fasse pas en prétextant que j’avais déjà le ventre plein après le service à bord de l’avion et que je comptais dîner le soir dans un restaurant. Je lui suggérai de rentrer se reposer aussi afin d’être prête à temps pour vingt heures. Elle rangea les ustensiles en faisant la moue. Elle jouait certainement à une comédie car je connaissais un peu ce tempérament aux femmes. Elle me dépassa rapidement comme quand une personne se sent blessée et veut quitter les lieux de son offense. Je profitai pour saisir son poignet au passage et remarquai qu’elle n’avait pas son bracelet. Mais pour garder des cartouches dans ma besace, je ne lui posai aucune question. Je la plaquai contre le bord de la table à manger pour lui donner un baiser sec et lui demander de m’excuser.

  • Je ne veux pas que tu rentres en pensant que je te chasse d’ici. Surtout pas.
  • Et pourtant c’est l’impression que j’ai. Depuis ta descente d’avion, j’ai eu l’impression que tu as changé.
  • Heureusement que ce n’est juste qu’une impression. Je pense plutôt que c’est la fatigue et le stress du séminaire.
  • Tu me raconteras comment les choses se sont passées ?
  • Bien sûr. Tu sais que tu peux compter sur moi.
  • Et la vie à Abidjan ?
  • Abidjan vit. C’est une belle ville.
  • Et c’est tout ce que tu as remarqué ?
  • En grande partie oui.
  • Donc tu n’as pas couru les filles là-bas ?
  • Pas du tout. Les séances de travail m’ont pris énormément de temps. Avec certains participants, on a juste eu le temps de visiter quelques boutiques.
  • J’espère que tu ne m’as pas oubliée et que tu m’as ramené une belle surprise.
  • Evidemment. J’ai acheté un article directement là-bas et l’autre, nous irons l’acheter lors de notre prochain séjour là-bas.
  • Tu veux dire que toi et moi, nous irons à Abidjan.
  • Oui ma chérie.
  • Comme je suis comblée. Ce sera ma première fois. Je suis déjà excitée.
  • Donc tu n’es jamais allée à Abidjan ?
  • Juste dans mes rêves. D’ailleurs je n’ai fait mon passeport que le lundi. Je dois passer le retirer dans une semaine si tout va bien.
  • Ok. Je sens déjà que tu vas adorer.
  • Je ne sais déjà comment te remercier. Maintenant, et si cela ne t’embête pas, je peux dédouaner mon cadeau.
  • Un instant, laisse-moi voir où je l’ai mis.

Puis je me mis à chercher frénétiquement dans mon sac un objet que je savais que je n’avais jamais acheté. Puis d’un air triste, je la regardai en m’excusant :

  • Sûrement que je l’ai oublié dans la chambre d’hôtel. Je suis vraiment navré ma chéri. Nous allons acheter un autre. Je vais passer la commande au guide qui nous avait fait visiter.
  • Sans souci. Et le deuxième cadeau ? Je peux avoir une idée ?
  • Je préfère garder la surprise pour plus tard.
  • Ok. Je te laisse te reposer. A ce soir.

La porte se referma derrière elle sans que je fasse la moindre tentative pour la raccompagner. Je voulais juste la voir disparaitre et ce pour toujours. Elle ose me dire qu’elle n’est jamais allée à Abidjan. Je la connaissais assez et mes yeux ne pouvaient pas me jouer de si vilains tours. En plus je pourrais lui donner raison si j’ai connaissance qu’elle avait une jumelle quelque part. Je me rassurai qu’elle était bien loin pour descendre rapidement, prendre un taxi, car je ne voulais pas me faire remarquer avec ma propre voiture, pour aller acheter des frites au gésier de poulet que je pris soin de commander au restaurant TNT. J’avais un creux pas possible. La bataille contre l’agressivité n’était pas facile surtout quand en face de toi, on te prend pour un idiot. En tout cas, le caleçon d’aujourd’hui vaut mieux que le pantalon de demain.

Je n’étais pas au bout de mes surprises en rentrant car je croisais dans les escaliers Elvire. Mon cœur faillit sortir de ma poitrine. J’étais quand même sûr que l’on n’avait pas besoin à ce moment précis d’avoir un stéthoscope pour écouter les battements de mon cœur. Mes jambes devinrent subitement lourdes. Elle était encore plus belle que cette nuit sur la dalle. Comment peut-on rester insensible à un charme pareil ? En plus, elle portait une robe qui descendait à peine au niveau de ses genoux. Avec un joli sourire aux lèvres, elle me salua puis me demanda où j’étais. Car elle était venue me manquer les trois dernières nuits là où nous nous sentions à l’aise. J’avais peur que des oreilles indiscrètes nous écoutent. Je répondis rapidement que j’avais voyagé et qu’on aurait le temps d’en discuter le lendemain si elle le souhaitait. Elle n’opposa pas de refus et cligna de l’œil gauche comme pour me dire qu’elle était déjà prête.

L’envie de lui dire de me rejoindre immédiatement si elle le voulait était forte mais je me rappelai d’Eugénie. Je ne pouvais plus la toucher. Ce serait de l’inceste que de coucher avec deux sœurs jumelles. Je m’en voulais de n’avoir pas pu me retenir ce soir-là à Abidjan. Car Eugénie était restée à Abidjan et là je me retrouve avec Elvire qui dort juste dans la chambre d’à côté en étant totalement impuissant. Peut-être que je déménagerai d’ici pour éviter des ennuis. Je continuai d’avaler les escaliers quand Elvire faisait le contraire. Je me retournais de temps en temps pour admirer sa démarche dans les escaliers. Comment peut-on décrire ce que je voyais ? N’était-ce pas une autre provocation ?

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