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Un blog qui décrit ce que je vis, ressens, pense, ce que j'imagine et qui me permet de partager avec vous mes expériences de la vie.

Graines de pensées...

LA FILLE DE LA DALLE - CHAPITRE 7

LA FILLE DE LA DALLE - CHAPITRE 7

J’eus le trac au début de ma présentation. La nervosité était palpable. En plus, j’étais le premier à présenter notre travail. Pour éviter que des idées soient volées, il avait été décidé de faire les présentations par groupe et uniquement devant le jury. Les autres candidats devaient attendre dehors. Les autres membres de mon équipe me demandèrent plusieurs fois si j’étais vraiment en forme car ils étaient inquiets de me voir moins sûr de moi par rapport à la veille. Beaucoup d’idées me traversaient l’esprit et plus inquiétantes étaient les questions par rapport à ce qui s’était passé la nuit dernière. Et aussi le week-end passé.

Je commençai timidement la présentation puis tout s’accéléra. Je repris confiance en moi pour convaincre mon auditoire. J’avais même été surpris de voir un membre du jury applaudir à la fin. Un autre se risqua à me poser des questions sur mon cursus universitaire ainsi que les différentes formations reçues. Bref, on penserait à un entretien d’embauche. Ce qui m’importait le plus, c’était de gagner ce marché et de rentrer le plus tôt à Lomé. J’avais même déjà commencé par penser à écourter mon séjour et rentrer dès la fin du séminaire. Je m’excusai auprès de mes équipiers et de Moraine pour m’éclipser. Je regagnai ma chambre en hâte pour essayer de dormir encore un peu tellement j’étais abattu. Je profiterai pour repenser à tout ce qui se passait dans ma vie actuellement car j’avais l’impression de perdre le contrôle.

Le sommeil arrivait difficilement. Qu’est-ce que j’avais fait au bon Dieu pour me retrouver dans une situation pareille ? Mais de toutes les questions qui me harcelaient, les plus coriaces concernaient Cynthia. Qu’est-ce que j’allais faire ? Devrais-je rompre en même temps dès mon retour ? Devrais-je lui faire payer le mal que je ressentais ? Moi aussi j’étais quelque part coupable d’avoir couché avec une autre fille, pardon, avec des jumelles alors que j’étais dans une relation déjà. Finalement, à quoi bon se torturer dans ce lit ? Je décidai de sortir prendre de l’air. J’avais entendu parler de la station balnéaire de Grand-Bassam qui avait été attaquée entre temps par des terroristes. Je décidai de m’y rendre pour voir à quoi ressemblait ce lieu. Au moins, la visite touristique m’occuperait mieux l’esprit.

Je louai une voiture chez AVIS pour m’y rendre. Au moment où je descendais pour m’engouffrer dans le taxi, Moraine m’héla et me demanda mon projet. Je lui répondis que je faisais un tour à Grand-Bassam puis elle demanda si elle pouvait se joindre à moi. Face à sa petite mine et me rappelant de la promesse de la glace, je lui ouvris la portière. Puis la Mercedes démarra. Après avoir parcouru quelques kilomètres dans le silence absolu, Moraine engagea la conversation :

  • Excuse-moi Charles de t’avoir grondé ce matin
  • Oh, tu n’as pas à t’excuser. Je le méritais.
  • Tu as l’air si triste et perdu. Qu’est-ce qui se passe ?
  • Rien de spécial. Juste la fatigue et le stress.
  • Charles, je te connais bien. Je connais ta façon de bosser et sans te mentir, je ne te crois pas sur ce coup. Ou bien c’est ce qui s’était passé la fois dernière qui te met dans cet état.
  • Il ne s’est rien passé à ce que je sache.
  • Je m’en doutais mais je ne veux surtout pas que cela affecte notre relation de travail et c’est ce que je suis entrain de remarquer.
  • Rassure-toi ma chère. Rien à voir avec ce qui s’était passé. Mais dis-moi, pourquoi étais-tu partie ?
  • Je ne sais pas vraiment. Mais sache que si c’était à refaire, je resterais jusqu’au bout.
  • Bref, comment était ta soirée hier ?
  • J’étais partie chez ma cousine. Tu te rappelles ? Nous avons causé de tout et de rien. Cela faisait presque cinq ans que nous n’avons plus été ensemble.
  • Je suis content pour vous.

Il faut reconnaître que je n’étais pas inspiré pour faire la causette mais je n’avais pas le choix et mon cerveau faisait des efforts énormes pour trouver des choses à dire. Quand tout à coup, le chauffeur s’excusa de nous interrompre et nous informa que nous étions déjà arrivés. Nous descendîmes de la voiture, Moraine en premier. Au moment de sortir, je remarquai un bracelet que je me précipitai pour rendre à Moraine en lui expliquant qu’elle l’avait laissé tomber dans la voiture en descendant sûrement. D’un air surprise, elle observa attentivement le bracelet.

  • Merci beaucoup mais…
  • Je t’en prie. Tu n’as pas besoin de me remercier. Tu mérites qu’on prenne soin de toi et je suis certain que si ma carte de crédit tombe par erreur, tu ferais pareil pour moi.
  • Je ne parle pas de cela. Juste que je ne peux pas accepter ce bracelet.

Elle avait le visage légèrement grave. Je ne compris pas sur le coup ce qui se passait qu’elle me tendait déjà le bracelet.

  • Non Moraine, voyons, ce n’est pas un cadeau que je t’offre. C’est juste ton bracelet tombé sûrement de ton sac.
  • Charles, ce bracelet n’est pas à moi. Et je pense que tu devrais bien revoir l’inscription à l’intérieur.

Interloqué, je lui pris le bracelet puis regardai à l’intérieur. Comment cela se faisait-il ? Je n’eus pas de mal à lire le message que j’avais fait graver dans le bracelet de Cynthia au début de notre relation : « Pour un amour sincère, C&C ». Le C&C signifiait Cynthia & Charles. Mon sang ne fit qu’un tour. Rapidement, je pris mon téléphone, me dirigeai tout droit dans la galerie. C’était la même voiture que celle utilisée par Cynthia et son amant la veille : même marque, même couleur, même immatriculation. Donc c’était aussi grave au point qu’elle se débarrassa de ce bracelet ? J’étais perdu dans mes pensées quand Moraine me demanda s’il y avait un souci. Je lui répondis non et que probablement le bracelet était égaré par un couple qui avait loué la voiture avant moi. Je promis de retourner le bracelet à l’agence une fois que les courses seraient finies. Heureusement qu’elle n’avait pas fait le rapprochement entre le C de Cynthia et le C de mon Charles.

Le temps passa vite sous la paillote, avec un verre de cocktail fait de fruits, feuille de menthe et de miel. Il y en avait de toutes sortes. J’étais tenté de prendre un peu de tout mais il fallait aussi faire très attention à ne pas tomber malade juste pour quelque chose que tu peux rechercher et faire sur internet plus tard. Et moins cher en plus. Le chauffeur vint me trouver et m’expliqua qu’il fallait partir maintenant afin d’éviter l’insécurité et les bouchons. Moraine était assise à regarder les vagues s’échouer sur la plage. Elle avait l’air nostalgique. Je pouvais sentir sa tristesse. Je parie que le chauffeur pensait que c’était ma petite amie.

J’aurais dû normalement être très en colère mais je ne savais pas pour quelle raison j’étais si calme et serein. J’avais même complètement oublié le bracelet que je tenais dans mes mains. Il avait perdu d’un coup toute valeur sentimentale et n’était plus qu’un objet. Comme on le dit, la vengeance est un plat qui se mange froid. Beaucoup s’accordent à dire que quand une femme est en colère, même le diable s’assoit pour regarder et apprendre. Ce qu’ils ignorent, c’est qu’un homme blessé et qui ne parle pas, est bien plus dangereux. Mon regard sur Cynthia avait changé. A moins que nous ayons des jumeaux astraux qui faisaient identiquement à Abidjan ce que nous faisions à Lomé. Le retour vers l’hôtel avait été plus rapide que l’aller vers Grand-Bassam. Peut-être aussi parce que nous allions dans le sens contraire que la plupart allaient. C’était déjà la sortie des bureaux. La vie nocturne commençait à s’installer déjà.

Une fois à l’hôtel, Moraine me donna un gros câlin en me rassurant que ce qui me rendait bizarre et triste disparaitrait avant le lever du soleil en ajoutant qu’elle m’invitait au dîner de ce soir avec sa cousine. Comme je n’avais rien à faire, j’acceptai et montai dans ma chambre. Le sommeil s’empara de moi immédiatement. Je ne réalisais pas à quel point j’étais fatigué. Le matelas semblait plus moelleux que d’habitude et pourtant il n’avait pas changé. Je me réveillai presque deux heures après notre retour. Il était proche de vingt-et-une heures. J’appelai la chambre de Moraine qui me rassura qu’elle venait de sortir de la douche. De toute façon, sa cousine passerait nous chercher à l’hôtel avec sa voiture. Je demandai la permission de l’attendre dans le hall si elle n’y trouvait aucun inconvénient.

Quand je descendis, je vis, assise au bar, une fille qui attira mon attention. J’avais l’impression d’être familier avec ce visage mais je ne pouvais pas vraiment savoir où et dans quelles conditions. Il faut dire que j’ai une très bonne mémoire visuelle. Elle regardait de temps en temps dans sa montre. Et comme personne ne se présenta après cinq minutes, je m’approchai d’elle en la taquinant :

  • Bonsoir Madame,
  • Bonsoir Monsieur,
  • Vous avez besoin d’un service ?
  • Pardon ?
  • Puis-je vous être utile d’une certaine manière ?
  • Vous travaillez dans l’hôtel ?
  • Presque ; je suis stagiaire.
  • Je ne suis pas dupe, Monsieur. Même les stagiaires portent des badges.
  • Je me rends, vous m’avez eu. En fait, c’est moi qui ai besoin d’une faveur.
  • Et vous pensez que je peux vous aider ?
  • Dans la mesure du possible et si vous n’êtes pas déjà occupée bien sûr.
  • Alors dites ce que vous voulez et je vais voir ce que je peux faire pour vous.
  • J’ai une invitation à dîner ce soir et je n’aimerais pas m’y retrouver seul. Si vous avez du temps à me consacrer, accepteriez-vous que je vous offre un verre ?
  • Disons que vous pouvez payer celui que je bois déjà.
  • Considérez que c’est déjà fait. Charles, rajoutai-je en lui tendant la main.
  • Geneviève.
  • Enchanté de faire votre connaissance, Geneviève, Madame ou…
  • Mademoiselle Geneviève. Mais considérez juste que c’est Madame.
  • Je vous en prie, ne vous méprenez pas sur ma personne. Je n’ai aucune intention déplacée à votre égard.
  • J’apprécie. Et dire que je pensais que de tels hommes n’existaient plus sur terre.
  • J’avoue que je me perds un peu.
  • Galant, charmant, excellent orateur et poète. De nos jours, des garçons de ton genre sont une espèce en voie de disparition.
  • Je me sens honoré d’une telle considération.

Après quelques deux ou trois minutes d’échanges courtois, je cherchai à prendre congés de Geneviève en m’excusant si je l’avais importunée et en lui souhaitant de passer une agréable soirée. Je donnai des instructions au barman pour mettre la note sur ma chambre d’hôtel. Elle devait se dire un tas de choses sur un individu comme moi. Mais il fallait vivre ce que j’avais vécu en une semaine pour savoir qu’il ne faut pas draguer toutes les filles qu’on croise car on ne sait jamais sur qui on peut tomber. Je me dirigeais vers la sortie pour profiter de la vue sur la rue quand je croisai Moraine.

Elle était habillée de façon simple mais élégamment. Je me demandais combien d’hommes avaient pu rester indifférents à son charme. Je lui pris la main en la complimentant et elle me demanda de lui accorder juste une minute le temps de rejoindre sa cousine. Je sortis donc l’attendre dehors alors qu’elle se dirigeait vers la réception. J’imaginais à quoi pouvait ressembler sa cousine. Auraient-elles une ressemblance physique ? Ou Seraient-elles complètement différentes l’une de l’autre ? J’essayai de chasser ces suppositions de mon esprit car de toute façon, je ne pouvais pas me permettre de la draguer après ce qui s’est passé entre nous. J’attendais sagement quand Moraine me tapota sur l’épaule en me disant que c’était bon. Je me retournai pour qu’elle me présente sa cousine. En face de moi, j’avais Geneviève.

  • Geneviève ?
  • Charles ?

Moraine, surprise, nous demanda :

  • Vous vous connaissez déjà ?
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A
j'aime me promener sur votre blog. un bel univers très intéressant. mon blog sur pseudo. à bientôt.
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S
Beau blog. un plaisir de venir flâner sur vos pages. une belle découverte. un blog très intéressant. J'aime beaucoup. je reviendrai. N'hésitez pas à visiter mon blog (lien sur pseudo). Au plaisir
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T
Merci Shana. C'est un plaisir partagé. Je me suis abonné à ton blog. Les photos sont magnifiques